L’histoire du Tango ( Acte 3 )

Découvrez l’origine du tango à travers sa création et son histoire par le regard d’historiens spécialisés.

Une majorité d’historiens associent la création du tango aux lieux de prostitution. Effectivement dans l’histoire du tango cela a été, partiellement, puisque cet art est intimement lié à une population pauvre et expatriée. La distinction entre lieux où l’on danse et commerce du sexe est mal définie à Buenos Aires tandis que beaucoup plus séparée à Montevideo. Par conséquent, la «bonne société» de Buenos Aires dénigrera l’émergence du tango. Elle l’attribuera à une danse pour la plèbe, les filles de joie, les malfrats.

Histoire du tango des années 1870 à environ 1914, des précisions sont nécessaires :

Tout d’abord, les maisons closes ont toujours existé. Licites ou illicites, en tous lieux et tous temps et Buenos Aires ne fait pas exception. D’autant qu’à l’époque sa population masculine représente 75 % de la population. Dans ces quartiers défavorisés, toutes les catégories de lupanars sont fréquentés (du plus sordide au plus huppé) selon ses finances. Ainsi, Ernesto Sabato observe que deux éléments clés sont à la source du tango : le métissage culturel et le sexe – mais dans le sens de «la nostalgie de la communion de l’amour». Bien sûr que l’immigrant déraciné pouvait satisfaire ses besoins d’ordre sexuel «avec la tragique facilité que les lupanars offraient». Ces lieux où le corps de l’autre n’est qu’un simple objet… Cependant dans ces bas fonds les plus tristes, on ne consacre ni argent ni temps pour payer des musiciens et élaborer des pas de danse.

Tango Argentin : le mythe sulfureux paraît inexact.

Le tango ne s’est pas créé dans les bastringues bas de gamme. La norme était plutôt l’hypothèse modérée avancée par l’historienne et sociologue argentine Alicia Chust. D’après cette dernière, le Tango se serait peu à peu codifié et structuré dans des établissements polyvalents incluant une salle de bal, fréquentés par une clientèle hétéroclite. Ils pouvaient s’appeler peringundines (bastringues). On pouvait y boire un verre, y déjeuner en famille, y écouter des musiciens et y danser… Avec sa femme, sa dulcinée ou une professionnelle que l’on payait à la danse. Souvent, les serveuses et/ou danseuses étaient le plus souvent immigrées elles aussi (françaises, espagnoles, italiennes…) Nombre d’entre elles rêvaient d’une meilleure condition tandis que nombre d’hommes fuyaient dans ces lieux un sentiment de solitude.

« Deux éléments clés sont à la source du tango : le métissage culturel et le sexe »

Les uns les autres se séduisaient par la milonga canyengue : danse rythmée rapide mimant des postures lascives sur fond de musique instrumentale. Son esprit est joueur, espiègle, digressif. Mais, seuls, quelques uns finissaient la nuit à l’étage. L’objectif principal de ces lieux était davantage la convivialité et l’exercice de jeux de séduction qu’uniquement la recherche du plaisir sexuel. Puis la milonga canyengue évoluera en tango dit «orillero» qui apportera l’enlacement (abrazo) et les tours en couple. © Contenu protégé.

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